Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 19 avril 2010

Désillusions retrouvées

ajami 2.jpg

 

Cela faisait longtemps ! Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu un film nous embarquer avec brio dans un déluge de destins croisés, tous aussi dramatiques les uns que les autres. Il faut remonter au sublime Magnolia de Paul Thomas Anderson pour se remémorer une telle maîtrise du sujet. Mais point de Los Angeles sous une pluie de grenouilles, ici. Ajami est un thriller se déroulant dans le quartier éponyme et cosmopolite de Jaffa, non loin de Tel-Aviv. Aux commandes le juif israélien Yaron Shani (également interprète de Binj le cuistot) et le chrétien palestinien Scandar Copti (à gauche sur la photo suivante) signent une œuvre noir, au terme de laquelle on se demande à quoi se rattacher pour avancer sans lâcher prise.

 

Lire la suite

dimanche, 21 mars 2010

En route vers une VIème République (?)

marianne_est_revenue.jpg

 

"Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations suivantes." Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen en préambule de la Constitution de l'An I

 

" Aucune Constitution n'est restée telle qu'elle a été faite. Sa marche est toujours subordonnée aux hommes et aux circonstances   " Napoléon

 

N'est-il pas temps de changer de République, ainsi que le préconise le professeur de science politique Bastien François auteur, avec Arnaud Montebourg, de La Constitution de la 6ème République. Réconcilier les Français avec la démocratie, (Paris, Odile Jacob, 2005) ?

 

Eléments de réponses dans la suite.

 

Lire la suite

samedi, 06 mars 2010

Le paradigme de Michigan

Vote_3.jpg

 

Alors que la campagne pour les élections régionales bat son plein (rires), voici une théorie, parmi d'autres, du comportement des électeurs.

 

A travers l'ouvrage The American Voter, les chercheurs de l'université de Michigan développent la théorie de l'électeur rationnel en s'appuyant sur des enquêtes nationales aux Etats-Unis, réalisées la veille et le lendemain de chaque élection présidentielle de 1948 à 1956, où l'on interroge environ 2000 individus représentatifs des électeurs. Ils mettent en avant la psychologie individuelle et les perceptions politiques de ces derniers pour expliquer la signification de leurs votes.

 

De fait, ce que l'on appellera le paradigme de Michigan se développe sur la base de deux facteurs : l'identification partisane et le contexte électoral.

 

Lire la suite

samedi, 20 février 2010

1+1=1

Incendies-WajdiMouawad-Lino-aff-tnt-L109jpg.jpg

Aucune pierre ne sera posée sur ma tombe

Et mon nom gravé nulle part,

Pas d'épitaphe pour ceux qui ne tiennent pas leur promesse

Et une promesse ne fut pas tenue

Pas d'épitaphe pour ceux qui gardent le silence

Et le silence fut gardé.

L'enfance est un couteau planté dans la gorge

On ne le retire pas facilement


Tels sont les derniers mots qu'une morte, Nawal, laisse à ses deux enfants, Jeanne et Simon après une existence jalonnée de mystères et de silences. Elle leur lègue également, par l'intermédiaire du notaire Hermile Lebel, un manteau avec le chiffre 72 au dos et un cahier rouge, mais surtout, deux lettres : une pour leur père soi-disant mort et une pour leur frère dont ils ignoraient l'existence jusqu'à ce jour funeste.

 

Lire la suite

vendredi, 12 février 2010

Enfants disparus au Salvador

botero.jpg

 

Ernestina et Erlinda Serrano Cruz étaient respectivement âgées de sept et trois ans lorsqu'elles ont disparu le 2 juin 1982. D'après des témoins, les deux sœurs ont été capturées par l'armée salvadorienne à Chalatenango durant le conflit armé qui a déchiré le pays de 1980 à 1992. Les fillettes font partie des quelques 700 enfants disparus pendant le conflit.

 

Comme dans de nombreux cas, la première plainte a été déposée en 1993 à la fin du conflit par leur mère, Maria Victoria Cruz Franco, auprès du tribunal de première instance de Chalatenango. Sans succès : la procédure judiciaire n'a pas progressé.

 

En février 2003, la Commission interaméricaine des droits de l'homme a recommandé à l'Etat salvadorien l'ouverture d'une enquête approfondie, impartiale et efficace en vue de retrouver les deux filles et de déférer à la justice les responsables présumés de leur disparition forcée.

 

 

SALVADOR.gif

 

L'Etat salvadorien n'a suivi aucune des recommandations. La Commission a donc, en juin 2003, soumis l'affaire à la Cour interaméricaine des droits de l'homme. Le 1er mars 2005, cette dernière a ordonné aux autorités salvadoriennes de créer une commission nationale chargée de rechercher les enfants disparus, ainsi qu'une base de données ADN destinée à permettre leur identification.

 

Une commission a bien été mise en place, mais elle ne répond pas aux prescriptions de la Cour. En revanche, aucune mesure n'a visiblement été prise pour créer la base de données ADN.

 

Sylvain Métafiot


Source : Amnesty International

 

dimanche, 31 janvier 2010

Le paradoxe de l’autoréférence : c’est celui qui dit qui n’y est pas

autoreference.jpg

 

On se souvient de l'insupportable menteur qui ne ment pas dans la mesure où il ment et qui ment dans la mesure où il ne ment pas. Le paradoxe de Grelling est comme le menteur un paradoxe de l'autoréférence issu du fait qu'un énoncé, parce que situé sur deux plans, se contredit lui-même.

 

Grelling divise les adjectifs en autologiques et en hétérologiques. Les adjectifs autologiques possèdent eux-mêmes la propriété qu'ils décrivent. Ainsi, « bref » est bref, « pentasyllabique » a cinq syllabes. En revanche, « long » n'est pas long, « bisyllabique » n'a pas deux syllabes. Ils sont hétérologiques.

 

Maintenant, on se pose la question de savoir si « hétérologique » est autologique ou hétérologique. Si « hétérologique » est hétérologique, alors il est autologique puisqu'il possède la propriété qu'il décrit, mais si « hétérologique » est autologique, alors il est hétérologique puisqu'il ne possède pas la propriété qu'il décrit. « Hétérologique » est autologique dans la mesure où il est hétérologique et hétérologique dans la mesure où il est autologique.

 

J'ai la tête qui tourne...

mal-de-tete-t12167.jpg

Sylvain Métafiot

 

vendredi, 22 janvier 2010

Goffman et les stigmates

elephant-man.jpg

 

Tout d'abord un peu d'étymologie : stigmate vient du grec et veut dire « marque physique d'infamie ». Dans la tradition chrétienne cela désigne la marque du Christ. Goffman va analyser les stigmates dans le premier sens en se demandant comment des individus possèdent des signes qui les empêchent d'être pleinement acceptés par la société.

 

 

Stigmate et activité sociale


Lorsqu'on rencontre des individus on va tout de suite les ranger dans certaines catégories (hommes, femmes, âgées, jeunes, rappeur, fonctionnaire, etc.). Il y a donc une identité sociale apparente qui peut orienter les rapports sociaux. En revanche, il peut y avoir des personnes possédant des signes stigmatisant. Les signes deviennent stigmates lorsqu'ils correspondent à des stéréotypes sociaux : monstruosité du corps, tares de caractère, caractéristiques ethniques. Mais les stigmates évoluent de la même façon que les mœurs et les esprits évoluent. Il peut également y avoir des stigmates plus ou moins cachés comme des traits de caractère non apparents.

 

La discrimination apparaît quand le stigmate est mis à jour par rapport au « normal ». Pourtant le « normal » est évolutif, donc le stigmate également. Tout cela évolue en fonction des normes idéologiques : les représentations sociales des célibataires et des homosexuels se sont profondément transformé au fil des années.

 

elephant_man2.jpg

 

Comment les stigmatisés réagissent-ils à ces discriminations ? Ils sont confrontés à un problème d'identité. De fait, on peut essayer de corriger le stigmate comme Michaël Jackson qui pensait qu'être noir être infamant et donc en recourant à la chirurgie esthétique pour devenir blanc, quitte à avoir une tête de cadavre... Sinon, on peut essayer de maîtriser des domaines d'activité qui sont interdits : par exemple, les noirs américains n'avaient pas le droit d'aller à la guerre. Plus radicalement, on peut aussi se couper de la réalité. D'un autre coté, le stigmate peut servir à obtenir de petits profits : « on m'a refusé ce poste parce que je suis une femme arabe », etc. On peut aussi renverser le stigmate : les noirs américains (encore eux !) ont renversés leur « stigmate » dans les années 1960, c'était une fierté et non une infamie d'être noir.

 

Le problème c'est le contacte entre les gens « normaux » et les gens stigmatisés, car ce dernier ne sait pas comment il va être accueilli, en terme de regard notamment. Les stigmatisés vont essayer de contrôler ce qui va les trahir et faire bonne impression. Beaucoup de gestes peuvent prendre des proportions extraordinaires de la part d'un stigmatisé (ne pas bégayer, marcher correctement, etc.). A l'inverse, d'autres gestes peuvent êtres excusés à cause d'un handicap (on ne reprochera pas à un manchot de ne pas serrer la bonne main pour dire bonjour). Ce sont des interactions flottantes et angoissées. Un stigmatisé doit adopter un comportement spécifique à intégrer, soit en adhérant à une association, à des réseaux, à des communautés de stigmatisés. Ils doivent s'organiser et représenter leur communauté en élargissant leurs relations sociales pour ne pas restés repliés sur soi-même de façon communautariste.

 

Stigmate Goffman.jpg

 

Contrôle de l'information


Quand quelqu'un possède un stigmate il est discrédité, sauf si le stigmate n'est pas automatiquement visible. L'individu va donc apprendre à contrôler les informations individuelles, normées, flexibles et durables. Dans nos sociétés contemporaines être illettré est un stigmate mais certaines personnes arrivent à la cacher. Elles arrivent à cacher des informations en fonction des interactions avec les autres. On est dans une logique de dissimulation où les gens « normaux » n'arrivent pas à déchiffrer l'information cachée. Il y a une tension entre l'identité sociale réelle et l'identité virtuelle du stigmatisé. Certains stigmates peuvent ne jamais être révélés. La capacité à masquer l'information va dépendre des contextes et des interlocuteurs. Parfois on cherche à cacher l'information mais le stigmate est dévoilé et cela peut introduire du discrédit.

 

Afin de masquer un stigmate on peut effacer ou dissimuler tout signe révélateur, faire passer le stigmate pour un autre moins grave. On peut aussi se confesser à des amis pour en faire des alliés. Ainsi, la définition du stigmate se trouve en observant le « normal ». Sa différence se comprend par rapport à la norme. Par exemple, pour Goffman, le « normal » aux Etats-Unis c'est l'homme blanc, hétérosexuel, nordique, diplômé d'université, travaillant à temps plein, protestant et faisant du sport. Donc, par rapport à la norme le stigmate va être plus ou moins important. La distance à la norme va aussi déterminer l'importance de dissimulation du stigmate ou de son renversement (la revendication).

 

Plus on est proche de la norme, moins on a à renverser le stigmate et moins celui-ci sera choquant.

 

Sylvain Métafiot

 

mardi, 12 janvier 2010

Une offre qu’il ne pourra pas refuser

Proposition4.jpg

 

Il fait chaud, trop chaud, dans cette immense plaine aride qu'on appelle l'Australie, ce pays au bord de l'explosion. La chaleur suffocante semble figer les corps sur place ainsi que leur environnement exceptionnel (« foutu pays ! »). La sueur crasse se mêle au dégout qui se lit sur les visages du capitaine Stanley (excellent Ray Winstone) et de Charlie Burns (Guy Pearce). Ces deux hommes déterminés, aux deux extrémités de la loi, passent un marché secret et décisif. C'est le début de ce western impitoyable, The proposition, déployant une énergie féroce et mortifère.

 

Lire la suite

lundi, 04 janvier 2010

L’Homme est inutile et la vie n’a pas de sens

joueur_de_flute_puri_inde.jpg

 

 "Il n'y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid" 

Théophile Gautier

 

L'article de Didier sur l'erreur de la nature qui serait humaine m'a fait réfléchir sur notre modeste condition humaine. En effet, des affirmations comme « L'Homme est une erreur de la nature ! », « nous autres Humains, ne sommes pas utiles véritablement », « L'Homme se reproduit pour se reproduire mais pas pour améliorer l'Humanité », « tout a une utilité dans la nature », « On ne sert plus à rien ! », ou que l'on perd notre temps à faire l'amour (tout en comparant cette activité avec celle de regarder TF1...), m'ont fait quelque peu bondir sur mon siège tel Philippe Bouvard riant à l'énième blague de Toto. Si je rejoins mon camarade sur le bilan écologique désastreux de notre temps, sur le dépérissement lamentable de notre belle planète, je ne me lamenterais pas sur l'inutilité de l'Homme, comme si cela était une catastrophe. Bien au contraire, je m'en réjouis ! Explications...

Lire la suite

lundi, 14 décembre 2009

Le principe de cruauté

Cruauté.jpg

 

La cruauté, à la différence de la violence qui peut être utilisée à des fins justes pour empêcher un mal plus grand, reste un acte de démesure sans d'autres visées que l'excès. Et dans sa démesure elle échappe à tout discours, à toute pensée. Ce qui explique qu'on la relègue à la part inhumaine de l'homme, à quelque chose qui serait contre nature. On pense généralement que la cruauté relève du monstrueux donc de l'inhumain. Or n'est-elle pas, au contraire, un propre de l'homme dans la mesure où on ne la retrouve pas dans le reste de la nature, chez les animaux par exemple : les animaux sont violents uniquement pour la possession du territoire, pour la possession des femelles, mais jamais gratuitement.

Lire la suite